Carnet de confinement #2

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c’est quoi le 1er mai les enfants
bouilles ensommeillées au dessus d’une tartine
bé c’est 10 jours avant le 11

c’est bien vrai ça

un homme remontant la rue du palais avec des gants de ski turquoise
et du muguet dans sa poche en plastique
j’ai pas attendu le 1er mai pour apporter des fleurs à une personne que j’aime
et lui là non ?
il a fait il la guerre peut être ?!
tous les mêmes ils savent pas de quoi ils parlent va falloir qu’ils se réveillent

une femme pose sa caméra sur grand pied dans la rue en pente
son documentaire porte sur le manque de perspective d’avenir
rues vides
on devrait tous appeler le service psy d’allo-covid
ils verraient bien qu’on en peut plus

tôt ce matin
de tout là haut la mer a deux façades
déployée toute contre le brise lame affuté
elle repousse le lointain
ridulée et coruscante coté port sous le vent
elle frissonne dans son glacis matutinale
mate et lisse

Il y a des courants d’air qui ne trompent pas
rappliquent des étés chlorés en liberté
un cousin germain et son pied traversé de part en part
par l’épine noire
autour de l’étang cette fragrance d’enfance
vient chaque année avec la bise de mai
olivier de bohème
tu me chavires

le midi libre laconique
« 40 à 50 personnes se sont retrouvées devant la mairie de sète ce matin
certains portant des pancartes revendicatives »
une amie raconte ce quelle a perçu sur la place de la mairie
le maire sans protection parlait très près à quelqu’un
on l’a hué il pas répondu
il état hilare parce qu’il savait que la BAC arrivait
c’était du mépris
y avait quasiment que des femmes

5 mecs
très peu de jeunes
pas de syndicats
4 voitures de police
ils nous ont mis la pression pour quitter la place

au château vert
quartier populaire à flan de colline et de béton
en haut d’une des tours sur un rebord de balconnet
des hauts parleurs sont brandis vers toutes les directions
à 20 h pétante l’homme invisible appelle à la solidarité
et au concert de casseroles
éparses sont les fenêtres accueillant les robes de chambres des vieux
munis de couvercles
ils se saluent d’un balcon à l’autre
au pied de la barre j’ai complètement la banane
chaque quartier sa tradition de quarantaine
l’homme passe l’hymne sétois en occitan
puis nous prévient que demain quand ce sera déconfit
il nous faudra être ensemble et continuer à soutenir le service public
d’accord
en redescendant la chaleur de la rue arago est épaissie par une bande de fans agglutinés pour le concert quotidien
l’artiste envoie des cartonnés à son effigie à une jeune mère venue d’un autre coin de la ville pour l’écouter

alors quoi
elle est pas belle
la ville ?

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un camarade finit l’histoire de la manif d’hier matin
3 personnes dont moi ont eu un contrôle d’attestation à la fin quand il y avait plus personnes
14 poulagas autour de nous et comme on n’avait pas la bonne attestation 135€

c’est l’heure où passent les trottinettes
en ce moment ces ciels tièdes et moulés de nues soleillé
c’est juste un temps à aller faire de la voile
ça va pas non ?!
épinards à la béchamel avec du chou rave

dans les rayons obliques
des kyrielles de gouttelettes
sucs printaniers dégringolent des tilleuls
on va être tout pégousse
un enfant à quatre pattes cerné par les pigeons les nourri d’un bout de pain jaune
son père prend son fils en photo parmi les non humains
les enfants le skateboard les chiens et les oiseaux
sont les compagnons de sortie des usagers de la place
les tilleuls en cage sont si touffus que si tu fermes les yeux
le bruissement joue presque la forêt
l’enfant court derrière le gabian qui ne prend pas la peine de s’envoler
une tête les sépare
le monsieur avec son polo bleu pâle et parcouru de taches moutarde sur les omoplates s’arête quand son chien veut s’allonger
il lui caresse la tête
il va au rythme paisible de la bête
complices
leur relation est claire et tendre
un 4/4 de flic surgit coulant entre les arbres
franchement c’est presque périlleux ce qu’ils font en bagnole autour des cages à arbre
société de merde

la place se vide rapidement de sa bonhomie de fin d’après-midi
leur maraude est une prédation
mais les pigeons ne s’envolent pas

je trouve qu’elles ont raison de tout vouloir
à la fois le pouvoir d’être dans une totale appropriation de son corps et de sa féminité
et à la fois refuser que le patriarcat s’approprie cette manière de voir les choses et les enferment
dans le soin la maison la maternité

et ça c’est quoi comme race ?
c’est un chi’tsu c’est craquant hein
allez vient ma petite fille

c’est quoi demain
déjà
c’est pareil

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M A I

y a des jours comme ça
réveil aux abois
ça crie fort en dessous
l’adulte parle très mal à la petite fille
ce pouvoir que les adultes exercent sur les enfants ça leur vient d’où ?
à qui d’autre on parle comme ça
aux animaux aux esclaves aux présumés coupables
exercice de la pure domination dite naturelle

jour éblouissant d’une semaine sans repères
blottis dans l’air ça sent le dimanche
je sais pas à quoi ça tient
le vent ira decrescendo tout le long du jour
jusqu’à la pétole étouffante du couvre feu
tirer une journée démarrée dans des cris
jusqu’à tirer au fer pour sauver le cochonnet
à sauter de joie sous les néons fushia du resto indien qui est ouvert
à t’assoir dans la salle vide qui existe quand même
avec ses moulures rococo sa moquette bleu nuit épaisse et les leds qui fracassent les yeux
se retrouver dans un autre quartier et remercier en levant la tête
prendre tous ces applaudissements pour toi
pour la gloriole espiègle d’un candidat de circonstance atténuante
rue pascal ruuuuu pascaaaal salut
y a pas la quantité mais c’est de qualité

serrer les mains à distance de la mamette
en sarau fleuri
la mamette debout au balcon
sertie de succulentes et autres misères domptées
ou les marches de la bonne mère
auxquelles les enfants éreintés par le soleil volé à la paranoïa
laissent se reposer leur trottinette
à remarquer que des affiches sur la grève des loyers ont fleuris
sur les murs les poubelles et les compteurs électoraux

ça vaut la peine de vivre toute la journée
au moins pour constater ce que ça fait
de devoir reconnaître
que mal barré comme ça
en fait
cet air est une splendeur

et l’amour est là en robe de soirée vespérale
vestale gironde sur un terrain de boules plein d’herbe et de bosses
l’amour rasséréné d’échanger complice
pendant cette double traversée

la nuit est là
immense sauterelle
prise dans la gueule d’un étourneau albinos

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M A I

de plus en plus d’automobiles
de moins en moins de piétons
flâner sur un pont et prendre l’embrun de loin
revient à trier les particules iodées de celles viciées des pots d’échappement
cette litote radicale nommée économie
reprenant de l’allant
les temps et espaces de dérive
dans une urbanité évidée de ses fonctions consommatrice
prennent peu à peu fin
c’est le ralentissement qui ralenti
l’accélération rameute
les plages toujours interdites
les parcs à arbres encore fermés
les parcs de jeux sont clos
comme disait jacques le poète
le travail repose sur vous

j’ai croyais faire parti de ces marcheurs qui
ne regardent pas le bout de leurs pieds mais
au devant à coté au dessus
dans les coins et angles infructueux
avec le silence qui a régné ces deux derniers mois
je dois reconnaitre qu’une bonne trentaine de façades
couleurs aspects matériau déglingage
ornementation végétation orientation dessins habitantEs exposition
m’apparaissent et ravissent mes yeux de marcheur insouciant
insouciance c’est égal à l’immunité de ne pas croiser de bagnoles
d’évoluer dans un espace dédié à la non motorisation
où les adultes arrêtent de parler comme des chiens aux enfants qui s’élancent
vers la route
les enfants
eux seuls savent qu’ils vont s’arrêter au bon moment
eux seuls ont le vrai pouvoir de créer une crainte chez l’adulte responsable
mais voilà qu’elles reviennent chaque jour plus nombreuses
et occupent de nouveaux l’espace sonore
l’espace routier
routinier
en temp que simple volumes mouvants
comment avec leur disparition nous avions gagné en perspective
en concentration !
la voiture qui roule distrait en même temps qu’elle déclenche une méfiance
elle rabroue le silence
rabougrie l’espace
prend une place considérable
celui de plusieurs femmes hommes enfants et oiseaux réunis
et compactés
à elle seule elle prend et déplace les espaces
mais ne les rend qu’à moitié
car à ce volume vroumvroum succède un autre model qui braouuuu braouuu la rue
elle colonise l’espace

je rêve d’une mercedes break
t’as pas un plan
genre en allemagne

se tenir si près du vide quand on a jamais volé
le jeune faucon fait le double de sa mère en volume duvet
il a le bec noir elle a la tête bleue et silencieuse
fixe devant elle
le petit appelle en la regardant sur la fenêtre aveugle du haut
elle reste silencieuse et à aucun moment ne baisse le regard vers son petit
il a la dale
sait il que son élément est l’air
qu’en se tenant si prés du bord de sa niche
il se tient prêt à quitter un règne pour un autre ?
avec l’amie de la rue derrière qui a aussi la famille rapace en visu
on attend les premières tentatives d’envols
l’apprentissage à quitter le dur pour l’air
finalement elle descend le retrouver
puis elle s’envol
il se tait

avec la mère de la vie d’ici
bien à terre
on attend le jour où l’enfant quittera son bain liquidien
pour l’espace aérien des terriens
un col le sépare de sa première bufée

lundi prochain
à cette heure
de la nuit
on sera où ?

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l’état créer des cloaques
jusque là anti chambres de l’expulsion
désormais mouroirs
allez
on le redit
les centres de rétention sont à bruler tout cru
puisque les frontières sont fermées dans la plupart des pays européens
c’est illégal de séquestrer des personnes en vue d’une expulsion
et de les laisser s’entrecontaminer
et de les laisser sans soins
et quand le soin consiste à les mettre en cellule d’isolement
pendant leur détention
au cours du confinement
poupées gorgones pour état malveillant
domination totale post coloniale et xénophobe
ça coute cher de rejeter
plus cher que d’accueillir et de transformer
les camps pour l’étrange étranger en centre hélio marin
en ludothèque pour les cormorans
au mesnil amelot
plus grand cra en ile de france
le 3 mai une cellule est brûlée
cette fois impossible de déplacer les retenus
ils dormiront dans des chambres encore pleine de cendre
« Depuis plusieurs jours des prisonniers se plaignent régulièrement d’effets « étranges » après les repas : fatigues intenses, langue sèche. Leurs compagnes racontent qu’ils dorment l’après midi-entière contrairement à leurs habitudes et qu’il ont la voix pâteuse au téléphone. Ils dénoncent l’utilisation de médicament dans la nourriture pour calmer les prisonniers et les empêcher de se révolter. »

choix de vie
choix politique comme on dit
la riposte si elle n’est pensée collectivement
s’épanouira dans un émerveillement individuel permacultivé
jouera le jeu de la division
de la perte de pouvoir contestataire
les pétitions ne changent plus le monde
les prières non plus
sauf si elles sont accompagnées de gestes physiques
gestuelles de la riposte praxis de l’envol conscience de classe
glace au camembert

huuuu
à la radio nationale les enfants sages
ont accompli la transformation dans leur vocabulaire
dans leur bouche
faudra respecter la distance de sécurité
on devra plus jouer au touche touche
ça va changer la classe aussi

le levain du biopouvoir
après l’éveil aux risques terroristes
la cantine en salle de classe et les désinfections pendant la recrée
enfance masquée
maltraitance constitutionnelle
les précaires de l’éducation sont appelés à reprendre leur part de l’activité
et les enfants à grandir dans la peur des autres et de l’air ambiant
dans la distance et la méfiance des corps étrangers
la boucle est bouclée

c’est quand
la pleine lune déjà
celle ci
on l’attend

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je voudrais pas que tu crois que c’était mieux avant
mieux quand moi j’étais un enfant
j’ai aussi été enfant
on fera des trucs pour pas
que tu penses que là où tu vas atterrir sera tout pourri
je me tue à dire que tu seras le mieux adapter à tout ça
on grandit avec les peurs inhérentes à
son époque
la mienne m’a vu terrifié par
le sida
la vache folle
et les attentats
elle m’a vu traverser les années entre la primaire et le collège
remplit de mauvais pressentiments pour ma petite personne
j’ai cru y mourir des tas de fois
plus tard
j’ai rêvé pendant des années parfois en plein jour
que des avions nous tombaient sur la gueule
mais regarde
enfin tu verras
on est là
pour t’accueillir

rien n’est gratuit
on découvrira ensemble
quels sont les ennemis à combattre
et les complices avec qui on fera de la luge sur le dos des dunes
ou si
justement
tout est gratuit
et tu vas comprendre comment resquiller
fraude de mieux
comment tu vas longer le banc de sable qui te sera imparti
on essaiera de t’outiller assez pour que décider toi même soit ta première nature
si tu veux éviter ce banc de sable
ou au contraire t’y échouer le temps d’une marée
et voir là dessous
si il n y a pas quelques pétoncles à gratter
une poignée de coques à glaner
des assemblées de couteaux à amadouer
parce que dans ton monde qui est la continuité du notre
il y aura toujours des pétoncles
c’est trop bon pour disparaitre
tu seras à ta place
quoi qu’il se passe

j’ai des parpaings dans les cuisses
ça fait trop bizarre

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le pays se redresses fier comme un lavage de main au savon de marseille à la sardine
le déficit tremble devant la revanche du travail
du foncier et de la stabilité
l’eau lavera par trombes les mains des honnêtes gens
contentes ou apeurées d’y retourner
l’eau potable et courante
en revanche
n’arrivera toujours pas aux bidonviliens du camps AZF de toulouse
le juge jugeant que les mesures prises par les autorités ne sont
« pas de nature à révéler une carence »
c’est à dire que ça va quoi on va quand même pas rendre un peu
moins torride l’illégalité non
et même si c’est renier les plus simples conventions des droits dézhomme
moins l’état se montre sale et repoussant à l’encontre d’une population
honnie
plus il craint que ce soit interprété comme un signe positif de bienvenue par les autres
les pauvres de tous les pays pauvres
que la place serait bonne à prendre
cette doxa de l’appel d’air fait des morts tous les jours
dans la mer
dans les déserts avant la mer
sur notre sol
sur les chantiers
dans les cra
la rue
les bidonvilles

un ami m’envoi des chiffres ce matin
alors que je rends visite au figuier enchâssé de ciment
j’ai le dernier rapport cour des comptes :
la france « parmi les pays les plus restrictifs en matière d’immigration légale »
3,72 titres de séjour pour 100 000 habitants
usa 3,67
allemagne 12,18
espagne 7,67
suède 14,53
pour obtenir ce sésame on passe en moyenne 3,7 fois en préfecture et attend entre 14 et 200 jours
76% de ces titres le sont pour moins d’une année …

heureusement ma grand mère me donne sa version de la réalité géo-macropolitique
moi je dis c’est une mauvaise grippe
ça a été provoqué par le temps trop doux cet hiver
ça serait parti de l’amérique c’est ce qui z’ont dit ce matin et ils s’en sont servi pour attaquer les chinois
et y aura un conflit entre les deux
et ce sera plus grave que le coco machin

être en avance sur les miosdcaratencm tieransas
tout en les respectant
c’est par exemple
célébrer l’anniversaire de l’ami insulaire
planquées dans une enclave de l’espace shengen
derrière une gare maritime prête à fondre
grâce à une mamie
qui a signé un accord avec je sais plus qui
la frontière a un trou et là
et puisqu’on est déjà du bon coté
on peut y jeter des boules de pétanques ou tirer à l’arc
ou boire du vin

à l’ouest
c’est l’incendie au dessus de la colline
à l’est
une lune couleur méduse de l’enfance
rose et brume
se lève entre les grues
puis elle se disloque
fracturée par des nuages

c’est pas tant dormir que j’aime c’est avoir dormi

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une date
deux cotés de la même mer
par là les hourras
en algérie les massacres
Sétif
Guelma
Kherrata
crimes contre l’humanité que l’état français peine à reconnaître depuis
et à propos desquels le réalisateur Mehdi Lallaoui rappelle
à notre bon souvenir que
« Nous évoquons des massacres de populations civiles par les autorités militaires et les milices coloniales dont les estimations vont de 9 000 à 35 000 morts. Nous évoquons l’utilisation de l’avion et de la marine de guerre
pour réduire à néant des dizaines de villages soi-disant insurgés.
Nous évoquons les jugements sommaires et les exécutions du même ordre de centaines de civils désarmés.
Nous évoquons des tortures, des disparitions forcées de personnes, et des emprisonnements dont certains prendront fin au jour de l’indépendance, en juillet 1962.
»

c’est remarquable
ça n’a pas l’air d’entretenir un rapport avec le covid
l’histoire
bien qu’on puisse tisser
celui de l’uniforme
de la domination coloniale
du racisme
de la police des militaires
bras droit armé de l’état
pas plus tard que mercredi nuit
un jeune afghan tabassé et raflé sur le vieux port
puis relâché à 30 kilomètres dans un terrain vague
et oui tu vas dire comme tous les jours
non ?
mais si
mais non regarde
en ce jour de télé liesse
sachons reconnaitre les épiphénomènes louches
des flics inculpés !
motifs
enlèvement violences et faux
puisqu’ils ont rédigé des PV mensongers
violences jugées en comparution immédiate
quatre ans de sursis
18 mois de prison ferme
incarcération immédiatement pour le chef
et un an de prison avec sursis pour l’adjointe de sécurité

les oiseaux étaient un peu fous aujourd’hui
les petites filles étincelantes comme tout
la sage femme rassurante et patiente
les plantes vertes
les mites volantes
les claquettes défoncées
et l’haleine chargée
la nuit agitée

allez
bien le
bonjour chez toi

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ces derniers jours
les derniers séquestrés dans les CRA de l’état espagnol ont été libéré
ça veut dire qu’aujourd’hui il n’y a plus de retenu.es pour de mauvais papiers
en espagne
aux dernières nouvelles en france
pas de vols possibles vers les pays extra européens
mais toujours des enfermements
obstination destruction humiliation

outre manche
où on a moins de scrupules républicains à désigner les gens par leur origine ethnique
des anglais issues des colonies comme par exemple
une personne d’origine pakistanaise a 3,29 fois plus de risques de mourir du covid que la moyenne
soit un petit peu plus qu’une personne d’origine africaine qui elle a 3,24 fois plus de risque
à l’inverse
les chercheurs ont constaté en analysant les 16271 décès recensés sur la période que la population blanche avait moins de risque que la moyenne de mourir du Covid-19

c’est l’AFP qui dépêche

thunnus thynnus
vit entre 20 et 40 ans sous l’eau
depuis quelques jours déjà
les grands thoniers roucoulent au fioul lourd
ça se prépare pour la campagne annuelle de liquidation sous contrôle
du thon méditerranéen
transactions en haute mer au large des côtes libyennes
le poisson ne débarquera à terre qu’après un engraissage dans des fermes
en espagne
en tunisie ou à malte
enfin
un vol en avion frigo pour le japon où le poisson entier est
vendu aux enchères jusqu’à 1o ooo euros le kilogramme
met de luxe pour bouches de riches

au bas de l’échelle salariale
embarqués pour cette courte campagne de pêche
les matelot.es humain.es palpent en moyenne 4OOOO euros la marée
cette année le quota de pêche pour la seule méditerrannée s’élève à 5 363 tonnes
que se repartissent à 90 %
22 thoniers senneurs
énormes bâtiments d’une trentaine de mètres de long
stagnants à quai toute l’année à sète
en quelques jours de mer
ils pêchent leurs quotas en tonne de thon

pour les petits métiers
tu sais les petits bateaux comme sur les cartes postales
il reste la possibilité de pêcher à l’année les 10% de quotas restant
quelques dizaine de kilos par bateau

un camarade croisé ce matin raconte que les voiliers pourront s’éloigner
de 64 milles de côtes depuis leurs ports d’attache
autant dire qu’autour d’ici c’est pas folichon
des ports indus et des lagunes tout plat pas de cailloux pas de calanque
quoi ça veut dire qu’on va devoir toujours se balader avec une attestation de domicile sur soi maintenant ?!
sinon comment tu prouves que t’es à moins de 100 km de chez toi ?
j’ai imprimé ma facture de téléphone dans mon portefeuille …
ça craint

humiliation et renoncement
s’habituer peu à peu à vivre dans un contrôle permanent
ça s’étend à toutes les classes
même celles jusque là un peu épargnées
la colère est une lisière aux dents serrées

et lundi avec toutes les dérogations papiers qu’on a collectionné
on fera des confettis qu’on se soufflera dessus mais pas trop quand même
on fera de la musique mais sans trompettes et autres soufflants postillonnants
on embrasera les affiches du premier tour
on dansera sans se tenir la main autour du couvre feu
et on en collera des tables d’imaginations pour donner la classe verte
aux enfants qui veulent pas y aller

en attendant
on va pas changer les habitudes

l’oranger est enfin sorti de son long hivernage
il va se prendre sur le coin des feuilles
son premier coup de vent de sud est

1 o 2 0 2 o mAi

les bétons appartiennent aux feuilles détrempées
la tempête est tendre ce soir
les tentatives de marquages au sol en prévision de la fièvre acheteuse sont à l’agonies
des chiens tirent leurs maîtres
du calme du vide du gris de l’eau
des risées
c’est quand déjà demain
c’est le début de la fin de quoi ?

et même si l’aube me trouvera peut être cerné de montagnes
la même question remugle
qu’est ce qui va s’écrire ce soir

une fin
une étape
un chapitre
une lisière
l’orbe d’une hétérochronie
le tout enrobée d’acidulé
l’attente
de la vie qui se pointe

merci à toi camarade

on se revoit
de l’autre
coté