d’aucun.e l’appelle la crise de la quarantaine
en réalité ( alors qu’une scansion de raga en streaming mange tout l’espace sonore)
en réalité
c’est une quarantaine qui succède patiemment aux quatre années succédant la naissance de l’enfant
enfant chéri ça va sang dire
homme suite homme
le vide taraude gentiment sa tête vibrillonante sur le paillasson du sous bois planant de la paternité
heureuse
un brin ennuyeuse
à l’orée de la quarantaine le vide se pointe à nouveau
familier et goguenard
avec la triste mine d’une perspective évidée de la joie brutale de l’enfant
mais alors que faire pour vaincre la timidité laissée par l’emprunte doucereuse du foyer
comment retourner en lutte alors que ruralité
comment continuer à lutter à la moyenne montagne ?
éloigné de la proximité des intestins contestataires l’accès à l’offre révolutionnaire demande
un investissement physique certain
et parfois décourageant
comme franchir des contrées ascendantes en auto par exemple
comment faire garder l’enfant pour une réunion en soirée
comment aller en manif avec enfant
ici l’on y croyait
jusqu’à un gazage massif et transgénérationnel de printemps
comment ne pas arrêter de lutter au coté de l’autre parent.e de l’enfant
comment traverse t on des paysages consumés de sécheresse sans s’assécher soi même ?
des dépôts torrentiels de miocènes à très gros blocs de gneiss
des alluvions du quaternaire
des schistes tachés et métamorphiques
des granites à muscovites très clairs à grains fins
du schistes verdâtres rubanés
des calcaires variés blancs beiges rosés
quel pare feu parfait cet enfant
alors parlons de ce qui se passe ici
la lutte villageoise contre l’énergétisation rentable du monde
nos contrées soumises à la rudesse de la sans pluie
une désertification des sols inversement proportionnelle à la non désertification démographique
à la bétonnisation des sols
dans notre village
une rivière coule encore
comment pourquoi alors donc ne pas en faire une source de valeur ajoutée ?
nous y voilà
l’hydroélectricité version mini centrale
l’hydroélectricité version mini centrale version retombée d’argent pour eux
les investisseur.euses
les jeunes starteuppeur.euses de la ville
des retombées pas pour le le village donc
l’hydre eau à gogo
une rivière de moins d’1 mètre cube par seconde
qui arrose 6 villages
à 1 quart de litre en période d’étiage
tout petit
un filet d’eau parfois en ce temps de disette hydraulique
mais un filet rentable
une startup venue tout droit de la ville calcaire de Montpellier
des jeunes aux dents blanches et longues qui griffent le granit et le schiste de NOTRE rivière
là une clef
lors de l’organisation de la riposte à ce projet nous avons commencé à dire NOTRE rivière
genre
genre l’est-elle plus à nous qu’à celle et ceux qui en habitent loin ?
à vrai dire on la boit tous les jours
à vrai dire on arrose parfois nos jardins avec
à vrai dire elle berce nos nuits d’insomnies à essayer de comprendre les méandres technico administratifs
d’une broussaille acronymique qui ne coule pas de sources
la DDTM
le PNR
le GP
l’ONEMA
le SDAGE
le SAGE
le CNE
la DCE
la CLE
l’ASA
le SMBVT
les GEMAPI
une ZNIEFF
heureusement une défaillance métabolique du métavers relate en ligne :
La-crainte-des-français-d’une-pénurie-d’eau-dans-l’avenir-par-taille-de-commune-Données-non-disponible-actuellement
en tout cas
à force de parler de la pluie qui ne vient pas et
du beau temps qui nous assomme
la place de l’eau n’est plus à faire dans les chaumières et
bien que dans notre montagne moyenne le trajet entre le robinet et
le retour de la goute à la rivière est moins long
que l’évaporation des continents
les menthe alitées
évoluent
bon
finalement le collectif d’habitant.es a gagné
c’est à dire
qu’après beaucoup de pédagogie auprès des édiles et
de décorticage de la novgangue du gang pro hydro énergie
le conseil municipal a débouté la promesse de bail qui aurait laissé à la startup calcaire et consorts
le loisir de commencer les travaux sur les berges de la rivière
sur les flancs de la montagne
et de tirer des profits de l’écoulement de la molécule dans une micro turbine
bonnasse
la rivière coule encore et le projet revient à l’ordre du jour porté cette fois pas un conseiller municipal
mais nous en reparlerons une fois que la lutte sera en cours